A la lecture de notre bulletin n°86 qui termine ce
siècle j’ai grand plaisir à constater son évolution
et l’évolution de la mentalité en général.Je
vais essayer de m’expliquer par quelques commentaires, ce qui n’est pas
si simple.
Tout d’abord « Le mot du président
» :
Déjà du temps de ma présidence
en Franche-Comté(de 1978 à fin 1981) les correspondants et
certains adhérents exigeaient la livraison des greffons de variétés
que j’avais tenté de retrouver au tout début de l’association
,durant les soirs et les jours de repos, en visitant, en « porte
à porte », les vieux vergers du pays et d’ailleurs (j’ai même
été dans la Brie, la Touraine, les Pyrénées,
etc).L’idée que c’était aux adhérents de faire ces
recherches dans leurs propres terroirs, afin de sauver leur patrimoine
fruitier, n’était pas encore bien comprise.Pour certains «
du moment qu’ils payaient leur cotisation, il fallait les servir… ! ».
L’exposition de variétés dites «
modernes »(Golden D.est ancienne bien que qualifiée de moderne)
:
Actuellement on constate que ces fruits sont présentés
dans certaines expositions, et, même, on les utilise pour presser
du jus parce que certains terroirs n’ont plus assez de vergers d’anciennes
variétés, tant l’agriculture moderne à fait ses ravages.
C’est un non sens ! Parmi les buts que j’ai personnellement fixé
lors de mes démarches pour la création de notre association(époque
durant laquelle je n’avais pour seul soutien que mon épouse) il
y a le plus important :« Retrouver, sauvegarder, promouvoir les fruits
anciens MERITANTS, en voie de disparition ».Il reste maintenant,
à PROMOUVOIR.Moi aussi j’aime certains fruits dits « modernes
» mais les professionnels et les grandes surfaces ont des moyens
beaucoup plus importants pour les promouvoir(ce qui n’est pas notre rôle)
alors, qu’en plus, ils ne sont pas en voie de disparition.
L’identification des variétés :
Oui,Claude a raison, il ne s’agit pas de
donner un nom « bidon » à une variété
inconnue pour faire plaisir à son propriétaire ou pour se
faire valoir.On est tout aussi méritant en répondant «
je ne sais pas ». Je place ici une anecdote qui a eu pour lieu l’expo.
de 1988 à Montbéliard. Le célèbre et regretté
professeur Georges BECKER qui était un grand savant Montbéliardais
de réputation mondiale et tout aussi modeste (les grands hommes
sont souvent modestes), vient me voir avec une pomme à l’épiderme
vert. « Monsieur Choisel vous allez sûrement me donner le nom
de cette variété » « Monsieur BECKER, j’avoue
ne pas la connaître ».Une heure après, notre célèbre
ami vient me revoir « Ca y est, un ‘spécialiste’ me
la donne, pour la Jean Colin Verte ! Vous et moi savons bien que celle
ci n’existe pas, la Jean Colin étant rouge et bien diffèrente.
(Et, avec un petit sourire entendu), enfin, il faut bien que chacun fasse
ses expériences… !» .Homme modeste et indulgent comme je les
aime.Homme sensible également car lors de cette expo.,durant laquelle
j’ai eu un infarctus, il a annulé sa visite à l’hôpital
de Montbéliard lorsqu’il a appris le numéro de ma chambre
:son épouse y était décédée quelques
semaines avant.Monsieur BECKER (décédé en 1994)fut
président, entre autres, de la Société mycologique
de France, il à rédigé de nombreux ouvrages sur les
champignons .Le savant hollandais Huijman lui a dédié le
champignon Anamita Beckeri qui figure sur un timbre poste.Il y a une vingtaine
d’année monsieur BECKER m’avait avoué : « L’identification
des pommes est plus compliquée que celle des champignons ».Et,
j’ai toujours en tête la phrase de mon Ami André BUGNON :
« La pomologie est un art impossible », à juste titre.
Pour preuve mon fichier pommes riche de plusieurs milliers de fiches françaises
et étrangères (ce sont mes deux filles qui traduisent les
ouvrages anglais, américains, espagnols, allemands.A une époque
mon ami l’abbé Laurencot m’a traduit des textes latins.Et je me
sers aussi d’un dictionnaire anglais-français)qui révèle,
dans certaines classifications, plus de vingt variétés diffèrentes
qui possèdent, à première vue, les mêmes critères.Il
faut vraiment une certaine expérience pour découvrir les
petits plus qui départagent.C’est pourquoi aucune méthode
d’identification ne se révèle parfaite.Et la palynologie
ne viendra pas à notre secours puisque les pollens de pommiers ne
sont pas discernables par les chercheurs et leurs instruments.
Il peut m’arriver d’être agacé de
ne pas trouver un nom et , après plusieurs années d’investigations,
et de corroborations, je découvre ! Oui, en agissant de la sorte
je déçois certains passionnés impatients,mais ,au
risque de passer pour incompétant devant ceux, rares, qui , naïvement,n’imaginent
pas les embuches de cet art, je préfère la vérité.
N’est-elle pas plus importante ? Néanmoins chacun de nous a fait
des erreurs d’appréciation dans sa vie de pomologue…, et ce n’est
probablement pas la dernière fois .On tente de s’améliorer
chaque jour et, au fil des années ,on est surpris de voir que nos
connaissances évoluent mais qu’il y a toujours plus d’inconnu à
l’horizon, ce qui nous pousse à devenir de plus en plus modeste
.
L’article sur « les insectes Auxiliaires »
:
Très bien, heureuse évolution ne
provenant pas obligatoirement d’écologistes .Lorsqu’il y a 20 ans
je traitais ce problème de lutte biologique au verger, on me traitait
méchamment « d’écologiste » ! dont je n’ai jamais
été d’ailleurs, bien que les respectant.
Le courrier des adhérents(rubrique que j’ai lancé
en 1978 ) :
Très belle intervention d’Alain Rouèche
qui a toute mon approbation.
Les appels aux désignations de variétés
:
J’apprécie ceux qui avouent leur ignorance,
c’est une qualité bénéfique .Plus on a de renseignements
plus on s’assure de la vérité, encore faut-il trier le bon
en corroborant sans cesse.Bien sûr il y a les centaines de variétés
bien connues pour lesquelles l’aide n’est pas necessaire bien que……., parfois,
une surprise arrive.
Dans les fiches en couleur: la pomme Lavigne :
Encore là : « prudence », car
il existe plusieurs variétés qui portent ce nom (La Vigne,
Lavigne, De Vigne,…), celle décrite ici ne correspond pas à
celle qui est décrite dans le « Guide des Pommes » et
dont l’identification est certaine(prudence et corroborations comprises).D’ailleurs
dans le Territoire de Belfort j’ai rencontré trois La Vigne dont
la De Vigne à chair verdâtre des Vosges, et toutes les trois
ayant la même forme, les mêmes coloris mais avec des diffèrences
qu’il faut bien observer avec de l’expérience.Celle que je présente
dans le Guide cité et que j’ai propagé en Touraine depuis
son terroir d’origine a un coloris vif et attirant , la production est
non alternante et forte. L’arbre et les fruits résistent à
tout (froid, maladies, insectes, mauvais terrains). Certains, pour se faciliter
les choses ,diront que ce sont des clônes différents d’une
même variété, ce dont je doute.
Tout cela m’amène à un projet de
Quinze ans que je ne serai jamais capable de réaliser : la création
d’une commission d’identification pomologique se réunissant nationalement
quelquefois par an afin de mieux comparer les fruits et de réunir
le maximum de connaissances. D’autres plus dynamiques ou plus jeunes y
arriveront peut-être… ? Je crois savoir qu’un ami l’envisage. Il
a ma bénédiction.
Les articles de notre ami Jean Lefèvre :
Très bien pour les passionnés d’histoire
pomologique(j’en suis). Très longtemps, j’ai étudié
mon terroir, le Pays de Montbéliard et la Franche-Comté ;
j’y ai même sorti Jean Bauhin des oubliettes , en 1978,alors qu’il
n’était connu que de quelques érudits , bien qu’ayant une
rue à son nom pas loin , derrière la gare de Montbéliard.C’est
d’ailleurs la plaque de cette rue qui m’a poussé à en savoir
plus .C’est pourquoi je peux, modestement, répondre à Jean(son
article page 8) :
Grand Alexandre : C’est le nom d’Alexandre 1er (né
en 1777) ,tsar de Russie(1801-1825), fils de Sophie Dorothée princesse
du Montbéliard-Wurtemberg et du tsar Paul 1er. Sophie Dorothée(j’ai
connu la descendante de son « garde du corps »qui, lui, est
enterré dans le cimetière d’Etupes) aimait s’adonner, avec
ses parents, aux plaisirs du jardinage et des fruits qui poussaient autour
du château « petit Versailles de la région »,situé
à Etupes, village proche de Montbéliard(entre le château
de Montbéliard et celui d’Etupes, distants de plusieurs kilomètres,
existait un passage souterrain de la largeur d’un âne chargé.J’ai
vu les traces de cet ouvrage lorsque les habitations HLM d’Etupes en étaient
aux fondations). La baronne d’Oberckirch, dans ses Mémoires, raconte
bien cette époque.Je joins à Jean la fiche complète
sur cette variété, tirée du fichier de mon PC.Il pourra
la publier si besoin.
Api Etoilé : Décrit pour la première
fois par Jean Bauhin. C’est l’épouse du Prince Frédéric
de Montbéliard-Wurtemberg, qui l’a fait connaître à
Jean Bauhin,leur médecin et savant à Montbéliard.
Variété cultivée dans le domaine de ‘Grange’ et dans
le jardin du château de Montbéliard proche.Jean Bauhin en
a envoyé des greffons à ses nombreux correspondants en Europe,
dont Montpelier, Lyon,……Cette variété, si elle ne provient
pas du Pays de Montbéliard, peut être originaire d’Allemagne.(«
Carré d’Hiver ou Pomme Pentagonale ou pomme Quadrata :Cette belle
et rare pomme m’a été envoyée(à Montbéliard
depuis le Wurtemberg probalement) par notre très bonne princesse
avec quelques autres fruits… »Jean Bauhin.)
Glocknapfel : (Cloche), très répandue en Ajoie(Entre Territoire de Belfort et Suisse Proche), Suisse. Jean Bauhin l’a décrite sous les noms de Pomme Poireau, Pomme Bonnet, Pomme pointue.Voir ici sa gravure sur bois tirée de « Historia Novi et Admirabilis… », Montbéliard, 1598.
HOME
ACCUEIL lescrets fruits et
pomologie